Instantané de données sur l'itinérance : Le point sur l'Étude nationale sur les refuges 2020

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Introduction

L'Étude nationale sur les refuges constitue une analyse constante des tendances de l'utilisation des refuges par les personnes en situation d'itinérance au Canada. Le présent rapport donne un aperçu des tendances observées en 2020, soit la première année de la pandémie de COVID-19. En 2020, le paysage de la prestation des services a connu des changements importants. La capacité générale du système de refuges d'urgence permanents a été considérablement réduite au cours de l'année pour respecter les mesures de santé publique. La méthode a été rajustée pour tenir compte des changements mensuels dans la capacité en lits dans les refuges d'urgence permanents.

Données

Cette analyse porte sur la période s'échelonnant de 2005 à 2020, et utilise des données recueillies par :

  • le Système d'information sur les personnes et les familles sans abri (SISA);
  • les partenaires provinciaux et municipaux qui ont conclu des ententes de partage des données avec le gouvernement du Canada.

Environ 50 % des refuges d'urgence au Canada ont été inclus dans cette analyse, ce qui représente environ 70 % des lits disponibles en refuge d'urgence. La méthode d'analyse tient compte des personnes qui utilisent plus d'un refuge. Les refuges pour victimes de violence familiale, les refuges pour immigrants et réfugiés, et les logements de transition sont exclus de l'analyse, en raison d'une couverture des données insuffisante. Le gouvernement fédéral continue d'examiner des façons d'intégrer l'utilisation d'autres types de refuges, y compris les centres hivernaux et les centres d'isolement temporaire lié à la COVID dans l'analyse de 2020 et dans les analyses subséquentes.

Résultats de recherche

Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur le système des refuges

Il y a eu une baisse de 29,9 % de la capacité totale des refuges d'urgence permanents (près de 4 800 lits) en 2020, après le début de la pandémie de COVID-19. Cet effet a été généralisé, car il a touché les refuges pour jeunes (diminution moyenne de 34,2 %), les refuges généraux (diminution moyenne de 31,4 %) et les refuges familiaux (diminution moyenne de 18,2 %). Cette réduction considérable de la capacité des refuges aurait vraisemblablement contribué à une réduction du nombre de personnes ayant eu accès au système des refuges en 2020, comparativement aux années précédentes.

Interprétation des changements dans l'utilisation des refuges en 2020

Lorsqu'on établit les tendances d'utilisation des refuges au fil du temps, il importe de tenir compte des résultats de 2020 dans le contexte adéquat. La pandémie de COVID-19 s'est propagée rapidement et s'est accompagnée de diverses interventions gouvernementales et personnelles, y compris la Prestation canadienne d'urgence (PCU), les moratoires sur les expulsions, les confinements sur place, les règles de distanciation physique, les réductions de la capacité des refuges, etc. Ces éléments combinés ont contribué à réduire temporairement l'utilisation de refuges. Toutefois, cette situation ne devrait pas être interprétée comme une réduction de l'itinérance.

Cette analyse ne brosse pas un portrait de l'itinérance dans un contexte autre que celui du système des refuges permanents, comme les refuges temporaires, les nuits passées chez des connaissances, et les nuits passées dans des lieux extérieurs. Bien que ce soit le cas dans les analyses de l'Étude nationale sur les refuges pour toutes les années, il importe d'en tenir compte tout particulièrement en 2020, car l'analyse exclut les personnes qui n'ont pas pu avoir accès à un refuge en raison de la baisse de capacité ou qui ont décidé de ne pas avoir recours au système des refuges permanents afin d'éviter d'être exposées au virus. Les constatations découlant des dénombrements ponctuels de l'itinérance établis pendant la pandémie laissent supposer que l'itinérance à l'extérieur des refuges a augmenté dans de nombreuses communautés comparativement aux dénombrements établis avant la pandémie.

Mesure dans laquelle les refuges sont utilisés

En 2020, environ 88 342 personnes étaient en situation d'itinérance dans un refuge d'urgence permanent, comparativement à 118 759 en 2019. Au cours d'une nuit moyenne, on comptait environ 11 600 utilisateurs de refuges, comparativement à 14 400 en 2019.

Avant la pandémie, entre 2005 et 2019, la tendance général du nombre d'usagers de refuges était à la baisse. Cette baisse était plus prononcée en 2020. Entre 2019 et 2020, le nombre d'usagers de refuges a baissé de 25,6 %.

Figure 1: Nombre d'usagers de refuges entre 2005 et 2020

  • Figure 1 - version textuelle
    Année Nombre d'usagers de refuges d'urgence permanents
    2005 156 030
    2006 150 663
    2007 146 884
    2008 151 621
    2009 146 726
    2010 141 854
    2011 137 415
    2012 141 405
    2013 134 262

La figure 2 montre que, dans l'ensemble, le nombre d'usagers de refuges d'urgence permanents a diminué lentement entre 2005 et 2019 (diminution cumulative de 23,9 % sur quatorze ans) et a chuté subitement en 2020 (25,6 % en un an).

Figure 2: Variation en pourcentage du nombre d'usagers de refuges d'une année à l'autre de 2005 à 2020

  • Figure 2 - version textuelle
    Intervalle d'année Variation d'une année à l'autre du nombre d'usagers de refuges
    2005/2006 -3,4%
    2006/2007 -2,5%
    2007/2008 3,2%
    2008/2009 -3,2%
    2009/2010 -3,3%
    2010/2011 -3,1%
    2011/2012 2,9%
    2012/2013 -5,1%
    2013/2014 1,9%
    2014/2015 -3,2%
    2015/2016 -2,6%
    2016/2017 -0,1%
    2017/2018 -4,7%
    2018/2019 -3,4%
    2019/2020 -25,6%

Bien que le nombre total d'usagers de refuges aient baissé, la demande de lits en refuge est demeurée élevée. En 2020, le taux d'occupation moyen dans tous les refuges s'élevait à 93,7 %. Le taux d'occupation des refuges pour jeunes s'élevait à 73,1 % alors que les refuges généraux affichaient un taux de 97,9 % et les refuges pour familles, un taux de 83,6 %. Ce taux d'occupation élevé était attribuable à des séjours plus longs dans un refuge. En 2005, le séjour moyen dans un refuge, pour tous les utilisateurs, était de 30,5 jours. En 2020, le séjour moyen était passé à 48,0 jours.

Figure 3: Nombre de nuitées par rapport aux taux d'occupation des refuges de 2005 à 2020

  • Figure 3 - version textuelle
    Année Nombre de nuitées Taux d'occupation
    2005 4 759 750 82,7%
    2006 4 668 302 82,0%
    2007 4 463 713 79,1%
    2008 4 783 767 85,7%
    2009 5 263 180 94,6%
    2010 4 526 167 83,2%
    2011 4 686 468 86,3%
    2012 5 012 228 91,9%
    2013 4 970 008 91,2%
    2014 5 057 811 92,4%
    2015 5 127 307 91,2%
    2016 5 121 681 91,0%
    2017 5 169 935 91,7%
    2018 5 428 320 95,2%
    2019 5 255 077 92,3%
    2020 4 239 119 93,7%

Données démographiques

Âge

En 2020, 3,7 % des usagers de refuges étaient des enfants accompagnés (âgés de zéro à 16 ans) et 13,3 % des usagers de refuges, des jeunes (âgés de 13 à 24 ans). La majorité (58,6 %) des usagers de refuges étaient des adultes (âgés de 25 à 49 ans). Les adultes plus âgés (âgés de 50 à 64 ans) représentaient 20,7 % des usagers de refuges et les personnes âgées (âgés de plus de 65 ans), 3,6 %. Entre 2005 et 2020, il y a aussi eu une baisse considérable, sur le plan statistique, de la proportion de jeunes représentant des usagers de refuges (de 19,0 % à 13,3 %). L'âge moyen des usagers de refuges en 2020 était 38,9 ans.

Identité de genre

En 2020, 69,0 % des usagers de refuges étaient des hommes, 30,0 % étaient des femmes, et 1,0 % des usagers s'étaient identifiés comme ayant une identité de genre différente. D'un point de vue statistique, la proportion des hommes et des femmes est demeurée la même entre 2005 et 2020. Toutefois, la proportion d'usagers de refuges ayant une identité de genre différente a augmenté considérablement, sur le plan statistique, entre 2015 (0,5 %) et 2020 (1,0 %).

Les Autochtones

La proportion d'usagers de refuges Autochtones est demeurée la même entre 2015 et 2020; les Autochtones continuent d'être surreprésentés dans les refuges d'urgence du Canada. Selon le Recensement de 2021, les Autochtones représentent environ 5,0 % de la population canadienne, mais en 2020, le pourcentage des usagers de refuges qui s'identifiaient comme Autochtones s'établissait à 35,0 %, comme le montre la figure 4.

Figure 4: Proportion de la population générale et de la population d'usagers de refuges, selon le statut d'Autochtone

  • Figure 4 - version textuelle
    Population Non-Autochtones (pourcentage) Autochtones (pourcentage)
    Usagers de refuges 65,0% 35,0%
    Population générale 95,0% 5,0%

Anciens combattants

Environ 1,5 % des usagers de refuges en 2020 ont déclaré avoir servi dans les Forces armées canadiennes (FAC), avoir été agent de la GRC, être un ancien combattant d'un pays allié ou avoir été à l'embauche des FAC en tant que civil. Cela correspond à la proportion générale estimée d'anciens combattants au CanadaNote de bas de page 1 (1,7 %). Il y a eu une tendance à la baisse constante du nombre d'anciens combattants ayant séjourné dans un refuge pour sans-abri entre 2017 et 2020, bien que la différence de proportion par rapport aux années précédentes ne soit pas importante sur le plan statistique.

Citoyenneté

En 2020, la majorité (89,6 %) des usagers de refuges étaient des citoyens canadiens. La proportion de réfugiés et de demandeurs d'asile dans le système des refuges a baissé, passant de 4,1 % en 2019 à 1,5 % en 2020, ce qui peut s'expliquer par la baisse du nombre de passages irréguliers à la frontière en 2020, attribuable aux restrictions sur les déplacements imposées pendant la pandémieNote de bas de page 2.

Itinérance chronique parmi les utilisateurs de refuges

En 2020, les données d'un sous-ensemble de 18 communautés ont été utilisées pour estimer l'itinérance chronique au Canada. L'échantillon comptait 36 354 utilisateurs de refuges (soit 41,2 % du nombre total estimé d'usagers de refuges en 2020). Les usagers de refuges sont considérés ayant une expérience d'itinérance chronique s'ils ont connu l'itinérance et ont séjourné dans des refuges d'urgence, et s'ils ont été au moins dans une des deux situations suivantes :

  • ils ont séjourné dans un refuge pendant 6 mois (180 jours) ou plus au cours de la dernière année;
  • ils ont séjourné dans un refuge au cours de chacune des trois dernières années.

En 2020, 31,7 % des usagers de refuges constituant l'échantillon satisfaisaient à un des critères d'itinérance chronique ou aux deux (en hausse par rapport aux 25,2 % établis en 2019). En appliquant cette proportion au nombre estimé d'usagers de refuges à l'échelle nationale, on estime que 28 004  utilisateurs de refuges ont vécu une situation d'itinérance chronique en 2020, ce qui est comparable à l'estimation de 2019 (29 927).

En 2020, 15,9 % des usagers de refuges satisfaisaient au critère d'itinérance chronique pendant un an seulement, 9,9 % d'utilisateurs satisfaisaient au critère d'itinérance chronique pendant trois ans seulement, et 5,5 % d'utilisateurs satisfaisaient aux deux critères d'itinérance chronique (pendant un an et pendant trois ans).

Entre 2017 et 2020, la proportion d'usagers de refuges qui correspondaient à l'indicateur d'itinérance chronique pendant un an seulement a augmenté considérablement (de 9,0 % à 15,9 %). Au cours de la même période, la proportion de personnes ayant vécu une itinérance chronique pendant trois ans est demeurée stable (de 9,9 % à 9,9 %). Bien que la proportion de personnes en situation d'itinérance chronique pendant un an et pendant trois ans soit demeurée relativement stable entre 2017 et 2019 (de 3,5 % à 3,8 %), elle a augmenté de 2019 à 2020 pour atteindre 5,5 % de tous les utilisateurs de refuges.

Restrictions

Pendant la pandémie de COVID­19, le paysage des services aux sans-abri a considérablement changé. Alors que les services de première ligne s'efforçaient de respecter les lignes directrices en matière de santé publique, le recours au système traditionnel de refuges d'urgence a été remplacé par le recours à des lieux de service temporaires, y compris des hôtels et des motels, et par l'utilisation sommairement aménagée d'espaces publics. Cette situation a mis à l'épreuve l'adaptabilité et la résilience des systèmes d'information sur la gestion de l'itinérance en place et a compliqué l'évaluation exacte de la capacité du système des refuges et la taille de la population des refuges à l'échelle nationale. Le gouvernement fédéral continue d'examiner des façons d'intégrer l'utilisation d'autres types de refuges, y compris les centres hivernaux et les centres d'isolement temporaire lié à la COVID dans l'analyse de 2020 et dans les analyses subséquentes.

La pandémie de COVID-19 s'est accompagnée de diverses interventions gouvernementales et personnelles, y compris la Prestation canadienne d'urgence (PCU), les interdictions d'expulsion, le gel des augmentations de loyer, les confinements sur place, les règles de distanciation physique, les réductions de la capacité des refuges, etc. La combinaison de ces éléments a contribué à réduire temporairement le nombre d'entrées dans les refuges, mais cette situation ne devrait pas être interprétée comme une réduction de l'itinérance, car la présente étude ne tient pas compte de l'itinérance dans des contextes extérieurs au système des refuges, y compris les nuits passées chez des connaissances et les nuits passées dans des lieux extérieurs.

Bien que ce soit le cas pour toutes les années, il importe de se souvenir tout particulièrement de ce point en 2020, car l'analyse exclut les personnes qui n'ont pas pu avoir accès à un refuge en raison de la baisse de capacité ou les personnes qui ont décidé de ne pas avoir recours au système de refuges afin d'éviter d'être exposées au virus. Par conséquent, les résultats de 2020 sous-représentent probablement davantage l'itinérance au Canada que les résultats des années précédentes.

Principales constatations

  • En 2020, la pandémie de COVID-19 a eu une incidence considérable sur la prestation de services aux sans-abri, ce qui a considérablement réduit l'accès aux places dans les refuges. Le nombre de personnes ayant eu recours à un refuge a considérablement diminué en avril 2020 (-25,6 %), mais la demande en lits dans les refuges est demeurée élevée.
  • En 2020, la majorité des usagers de refuges étaient des adultes âgés de 24 à 49 ans (58,6 %) et des hommes (69,0 %). L'âge moyen des usagers de refuges était 38,9 ans.
  • Les Autochtones étaient surreprésentés parmi les utilisateurs de refuges en 2020; 35,0 % des usagers de refuges se sont identifiés comme Autochtones, comparativement à 5,0 % dans le cas de la population générale du Canada.
  • En 2020, 1,5 % des usagers de refuges ont déclaré avoir servi dans les Forces armées canadiennes, avoir été agent de la GRC, être un ancien combattant d'un pays allié ou avoir été à l'embauche des FAC en tant que civil.
  • La majorité des usagers de refuges se sont identifiés comme étant citoyens canadiens (89,6 %). La proportion d'usagers de refuges qui se sont identifiés comme réfugiés ou comme demandeurs d'asile a baissé en 2020, ce qui peut s'expliquer par les fermetures des frontières donnant suite aux des restrictions imposées par la pandémie.
  • On estime que 27 651 utilisateurs de refuges ont vécu une situation d'itinérance chronique en 2020, donnée relativement inchangée par rapport à celle de 2019 (29 927).

Pour de plus amples renseignements

Pour en savoir davantage au sujet de la recherche sur l'itinérance, consultez la page Analyse de données, rapports et publications.

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